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Publication du rapport d’enquête A19Q0109 – Lac Valtrie

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Isabelle Langevin, Gestionnaire des enquêtes - Aéronautiques
31 mars 2021

Le texte prononcé fait foi.

Bonjour, je me présente, Isabelle Langevin, gestionnaire des enquêtes aéronautiques pour la région du Québec au Bureau de la sécurité des transports du Canada. Aujourd’hui, le BST publie son rapport d’enquête sur un impact mortel avec le sol survenu près du lac Valtrie dans la réserve faunique Rouge-Matawin, au Québec. Le BST a déterminé que la défaillance d’une des pales du rotor principal est à l’origine de l’accident.

J’aimerais d’abord rappeler qu’une enquête de sécurité n’a pas pour but d’attribuer de blâme ou de déterminer les responsabilités civiles ou pénales, mais plutôt d’améliorer la sécurité des transports au moyen d’enquêtes d’événements sélectionnés. Nous enquêtons sur ce qui s’est produit et nous déterminons comment nous pouvons prévenir un événement similaire de se reproduire.

Le 10 juillet 2019, un hélicoptère privé Robinson R44 effectuait un vol de jour selon les règles de vol à vue depuis le lac De La Bidière, à destination de Sainte-Sophie, au Québec, avec un pilote et un passager à bord. L’aéronef n’est jamais arrivé à destination et aucun signal de la radiobalise de repérage d’urgence, communément appelé ELT, n’a été capté. Le lendemain, l’aéronef et ses occupants ont été portés disparus auprès du Centre conjoint de coordination des opérations de sauvetage de Trenton et des opérations de recherche ont été déclenchées.

L’aéronef a été retrouvé 14 jours après avoir été porté disparu, dans un secteur boisé isolé grâce aux données historiques provenant des téléphones cellulaires des occupants, qui ont permis d’effectuer des calculs de triangulation. L’aéronef a été détruit et les occupants ont été trouvés sans vie.

L’aéronef a été transporté au Laboratoire d’ingénierie du BST pour un examen plus approfondi. Lors de l’examen, l’une des pales a révélé de multiples défaillances d’adhésion qui auraient mené à la séparation de certaines sections du revêtement au joint de collage. Cette séparation a permis à l’humidité de s’infiltrer sous le revêtement et, au fil du temps, a causé la dégradation de l’adhésion au joint de collage. L’enquête a déterminé qu’au cours du vol, une progression soudaine de ces défaillances a probablement contribué à réduire la rigidité de la pale; affectant ainsi sa performance en causant un débalancement des deux pales et occasionnant alors des vibrations sévères. Une importante baisse de la vitesse de rotation du rotor principal s’en est suivie, empêchant l’aéronef de rester en vol, ce qui a mené à la collision avec le sol.

L’enquête en révélé qu’il est probable qu’au moment de la dernière inspection en avril 2019, des défaillances d’adhésion étaient déjà présentes et n’ont pas été détectées par le tap test; c’est-à-dire une inspection qui consiste à tapoter doucement le revêtement avec un petit marteau prévu à cet effet ou une pièce de monnaies spécifique, puis à écouter le son que cela produit. Un changement de sonorité peut indiquer, entre autres, une défaillance d'adhésion. De plus, des surfaces métalliques mises à nue au niveau du joint entre le revêtement de l’intrados et le longeron, sur l’une des pales, étaient présentes et probablement visibles à l’œil nu avant le vol.

Finalement, l’enquête a également établi qu’aucun plan de vol ni itinéraire de vol n’avaient été déposés avant le départ. Dans une telle situation, il y a un risque que les recherches ne soient pas déclenchées dans un délai raisonnable, surtout lorsqu’ aucun signal de l’ELT n’est reçu, comme ce fut le cas dans cet événement. Les chances de survie des occupants sont alors réduites et les équipes de recherche et sauvetage sont privés d’informations importantes pour établir la zone de recherche. Dans cet événement, l’absence de signal de l’ELT, dont l’interrupteur était à la position OFF à la suite d’un bris du système de verrouillage, ainsi que la grande étendue de la zone de recherche à couvrir et la densité du couvert forestier sont des facteurs ayant eu une incidence sur le temps nécessaire pour retrouver l’aéronef.