Rapport d’enquête sur la sécurité du transport aérien A24P0016

Le Bureau de la sécurité des transports du Canada (BST) a enquêté sur cet événement dans le but de promouvoir la sécurité des transports. Le Bureau n’est pas habilité à attribuer ni à déterminer les responsabilités civiles ou pénales. Le présent rapport n’est pas créé pour être utilisé dans le contexte d’une procédure judiciaire, disciplinaire ou autre. Voir Propriété et utilisation du contenu. Les pronoms et les titres de poste masculins peuvent être utilisés pour désigner tous les genres afin de respecter la Loi sur le Bureau canadien d’enquête sur les accidents de transport et de la sécurité des transports (L.C. 1989, ch. 3).

Table des matières

    Déroulement du vol

    À 6 h 311 le 7 février 2024, l’aéronef British Aerospace Avro 146 Series RJ100 (immatriculation C‑FRJY, numéro de série E3274) exploité par Summit Air Ltd. a quitté l’aéroport de Nanaimo (CYCD) (Colombie-Britannique) pour effectuer le vol SUT8292 à destination de l’aéroport de Prince Rupert (CYPR) (Colombie-Britannique). Le vol selon les règles de vol aux instruments constituait la dernière étape d’un vol nolisé régulier de transport de passagers à plusieurs étapes partant de l’aéroport international de Vancouver (CYVR) (Colombie-Britannique) et faisant escale à CYCD avant de repartir pour CYPR, sa destination finale. Ce vol multi-étapes était effectué régulièrement. Pour cette étape particulière partant de CYCD, 34 passagers et 4 membres d’équipage, dont le commandant de bord et le premier officier, se trouvaient à bord.

    Après le départ de CYCD, l’aéronef est monté à une altitude de croisière au niveau de vol 3002. Le vol effectué jusqu’à l’arrivée à CYPR s’est déroulé sans incident.

    À CYPR, l’aéronef à l’étude a effectué une approche directe en utilisant l’approche de navigation de surface par système mondial de navigation par satellite de la piste 31 via le point de cheminement d’approche initiale. L’aéronef s’est posé sur la piste 31 à 7 h 49, à environ 1600 pieds du seuil de piste et à une vitesse sol de 112 nœuds.

    Les déporteurs d’aile se sont déployés automatiquement au toucher des roues, et les membres de l’équipage de conduite ont alors serré les freins; toutefois, ils n’ont ressenti aucune décélération à la suite du serrage des freins. L’équipage de conduite avait la possibilité d’utiliser l’un ou l’autre de 2 circuits hydrauliques indépendants pour le freinage et est donc passé au 2e circuit hydraulique, sans incidence sur l’efficacité du freinage. Alors que l’aéronef commençait à perdre de la vitesse et s’approchait de l’extrémité de la piste sans que le serrage des freins utilisant l’un ou l’autre des circuits hydrauliques entraîne de décélération appréciable, l’équipage de conduite a actionné le circuit de freinage de secours dans une dernière tentative de ralentir l’aéronef. L’équipage de conduite a également amorcé l’arrêt des moteurs no 1 et no 4 dans le but de réduire la poussée. Alors que l’aéronef s’approchait de l’extrémité de la piste, le commandant de bord a tenté de le diriger à l’aide de la commande d’orientation de la roue du train avant. L’aéronef s’est mis à glisser latéralement, puis a heurté 2 feux d’extrémité de piste et a glissé au-delà de l’extrémité de la piste sur environ 30 m (figure 1).  

    Figure 1. Position finale de l’aéronef à l’étude après la sortie en bout de piste, 30 m au-delà de l’extrémité de la piste (Source : tierce partie, avec permission)
    Image

    L’aéronef s’est immobilisé en pointant vers le nord-est. Les moteurs no 1 et no 4 ont été complètement coupés peu après l’immobilisation de l’aéronef, suivis des moteurs no 2 et no 3 environ 3 minutes plus tard. Le groupe auxiliaire de bord, qui avait été démarré avant l’atterrissage, fonctionnait toujours à ce moment-là pour alimenter les systèmes de bord de l’aéronef. Les passagers sont restés à bord de l’aéronef, car il a été déterminé qu’il n’y avait aucun danger imminent.

    Un des pilotes est sorti de l’aéronef pour évaluer les dommages, constatant visuellement des pneus éraflés et 2 feux d’extrémité de piste endommagés. Il a également remarqué, pendant son inspection extérieure de l’aéronef, que la piste était recouverte d’une légère couche de glace et qu’elle était très glissante.

    Un autobus se trouvait déjà à CYPR et attendait de transporter les passagers de l’aéroport à la ville de Prince Rupert en utilisant le service de traversier. L’autobus a été escorté jusqu’à l’aéronef. On a ensuite fait descendre les passagers et leurs bagages de l’avion pour pouvoir les transporter jusqu’à leur destination finale. Aucune blessure aux personnes à bord n’a été signalée.

    L’aéronef a finalement roulé par ses propres moyens jusqu’à l’aire de trafic principale de l’aéroport.

    Renseignements sur l’aéronef

    Au moment de l’événement, aucune défectuosité non corrigée n’était consignée, et rien n’indiquait qu’un mauvais fonctionnement d’un composant ou d’un système ait joué un rôle dans l’événement à l’étude. La masse et le centre de gravité se trouvaient dans les limites prescrites.

    L’aéronef était doté d’un enregistreur de conversations de poste de pilotage (CVR) et d’un enregistreur de données de vol. Les données des 2 enregistreurs ont été téléchargées. Les données de l’enregistreur de données de vol ont été examinées; aucun des paramètres enregistrés n’indiquait d’anomalies de nature mécanique ou opérationnelle. Étant donné que le CVR est resté sous tension après l’événement, l’enregistrement du CVR du vol à l’étude a été écrasé.

    Puisque l’aéronef a été construit en 1995, il était équipé d’un CVR dont la capacité d’enregistrement était de 30 minutes, ce qui répondait à la norme en vigueur à l’époque. Depuis le 29 mai 2023, la réglementation relative aux CVR3 exige qu’ils aient une capacité d’enregistrement couvrant au moins les 2 dernières heures d’exploitation4. Toutefois, pour donner aux exploitants le temps de se conformer aux nouvelles exigences en matière de CVR, Transports Canada avait autorisé, par le biais d’une exemption5, certains exploitants, dont Summit Air Ltd., à exercer leurs activités avec un CVR doté d’une capacité d’enregistrement de 30 minutes.

    Renseignements météorologiques

    Les conditions météorologiques à CYPR sont signalées sous la forme d’un message d’observation météorologique régulière d’aérodrome automatique (METAR AUTO). Les données du METAR AUTO sont recueillies par un système automatisé d’observations météorologiques.

    Le METAR AUTO de 7 h, le bulletin le plus récemment publié avant l’atterrissage, indiquait ce qui suit :

    Les prévisions d’aérodrome fournissent une description des conditions météorologiques les plus probables pour les opérations aériennes dans un rayon de 5 milles marins d’un aérodrome. La prévision d’aérodrome pour CYPR, émise le 7 février à 4 h 40 et valide de 5 h à 17 h, période qui englobe l’heure d’arrivée du vol à l’étude, indiquait des vents légers, une couche de nuages épars et temporairement fragmentés à 100 pieds au-dessus du sol, ainsi qu’une visibilité allant de plus de 6 SM à 40 % de chances d’une visibilité de ¼ SM dans du brouillard givrant.

    La carte Nuages et temps (tirée de la prévision de zone graphique) et la prévision graphique locale ne prévoyaient pas de givrage à l’heure d’arrivée du vol à l’étude.

    Malgré l’absence de givrage dans les prévisions d’aérodrome pour CYPR, le METAR AUTO indiquait qu’il y avait eu une période de 29 minutes de précipitations givrantes sous forme de pluie verglaçante légère à CYPR dans la soirée du 6 février, environ 11 heures avant l’événement. Cette période de précipitations givrantes s’est produite lorsque le personnel de l’aéroport n’était pas sur place.