Rapport d’enquête sur la sécurité du transport aérien A24W0086

Collision en vol
L R Helicopters Inc.
Bell Helicopter Company, a Division of Textron Inc., 212 (hélicoptère), C-FTLR
et
Namao Flying Club
Cessna 172M, C-GJJL
Aéroport Edmonton/Villeneuve (CZVL) (Alberta), 13 NM NW

Le Bureau de la sécurité des transports du Canada (BST) a enquêté sur cet événement dans le but de promouvoir la sécurité des transports. Le Bureau n’est pas habilité à attribuer ni à déterminer les responsabilités civiles ou pénales. Le présent rapport n’est pas créé pour être utilisé dans le contexte d’une procédure judiciaire, disciplinaire ou autre. Voir Propriété et utilisation du contenu.

Table des matières

    Déroulement du vol

    Le 9 juillet 2024, l’hélicoptère Bell Helicopter Company, a division of Textron Inc.Au moment de la rédaction du présent rapport, le titulaire du certificat de type du Bell 212 est Bell Textron Inc., modèle 212 (Bell 212) (immatriculation C-FTLR, numéro de série 30551), exploité par L R Helicopters Inc. devait effectuer un vol de mise en place à l’aérodrome de Rocky Mountain House (CYRM) (Alberta) au départ de l’aéroport de Fort McMurray (CYMM) (Alberta) avec seulement le pilote à bord. Il a quitté CYMM selon les règles de vol à vue (VFR) à 8 h 15Les heures sont exprimées en heure avancée des Rocheuses (temps universel coordonné moins 6 heures). et s’est posé à la base du service de lutte contre les incendies de Calling Lake, située à 7 milles marins au sud-est de l’aérodrome de Calling Lake (CFK4) (Alberta), pour faire le plein de carburant à 9 h 22. À 9 h 45, il a ensuite repris son vol vers le sud-sud-ouest en direction de CYRM à une altitude moyenne de 3000 pieds au-dessus du niveau de la mer (ASL). Quelque temps après 10 h, le pilote du Bell 212 a fait un compte rendu de position sur la fréquence 126,7 MHzTransports Canada, TP 14371F, Manuel d’information aéronautique de Transports Canada (AIM de TC) (3 octobre 2024), RAC – Règles de l’air et services de la circulation aérienne, section 5 : Procédures selon les règles de vol à vue (VFR) en route.; aucune réponse d’autres aéronefs n’a été entendue. À 10 h 31, le pilote est monté à 3300 pieds ASL pour maintenir une hauteur d’environ 1000 pieds au-dessus du sol (AGL) et se trouvait à 9 milles marins au nord du lac Sandy (Alberta), dans un espace aérien non contrôlé de classe G (figure 1).

    À 10 h 02, l’aéronef Cessna 172 (immatriculation C-GJJL, numéro de série 17264433), exploité par le Namao Flying Club, a quitté l’aéroport Edmonton/Villeneuve (CZVL) (Alberta) pour effectuer un vol de formation sur les compétences VFR avec à son bord un instructeur de vol et un pilote titulaire d’une licence. Le vol s’est dirigé vers le nord en direction d’une zone située près du lac Sandy que le club utilise couramment pour les entraînements et qui est située dans un espace aérien non contrôlé de classe G (figure 1). Le Cessna 172 est arrivé dans la zone d’entraînement à 10 h 12 et a commencé à effectuer divers exercices aériens à des altitudes de 4400 pieds ASL ou moinsLes données de trajectoire de vol du Cessna 172 provenaient de l’information radar, tandis que celles du Bell 212 provenaient des données radar et d’un récepteur GPS (système de positionnement mondial) embarqué.. Un compte rendu de position et une annonce de leurs intentions ont été faits par l’instructeur de vol sur la fréquence 126,7 MHz au moment d’entrer dans la zone d’entraînement, mais aucune réponse n’a été entendue.

    À 10 h 33 min 34 s, le Cessna 172 s’est mis en palier à 3500 pieds ASLLe programme de formation au pilotage du Namao Flying Club précise que les aéronefs qui retournent à CZVL à partir de zones d’entraînement doivent voler à 3500 pieds ASL. (1200 pieds AGL) sur une trajectoire sud-est en direction de CZVL après avoir pris de l’altitude au terme d’une simulation d’atterrissage forcé. À 10 h 34 min 49 s, le Bell 212 était à 3500 pieds ASL sur une trajectoire de 188° magnétiques (M) et à une vitesse sol de 114 nœuds lorsque les 2 aéronefs sont entrés en collision. Au moment de la collision, le Cessna 172 se trouvait sur une trajectoire de 131°M et à une vitesse sol de 80 nœuds (figure 1, image en médaillon).

    Figure 1. Carte montrant les trajectoires de vol du Cessna 172 (ligne bleue tiretée) et du Bell 212 (ligne magenta pointillée), avec une vue rapprochée du lieu de la collision en médaillon (Source de l’image principale et de l’image en médaillon : BST)
    Image

    Le bord d’attaque de l’extrémité de l’aile droite du Cessna 172 (figure 2) et le sabot de queue du Bell 212 (figure 3) sont entrés en contact. Les 2 pilotes du Cessna 172 ont vu le Bell 212 passer de leur gauche à leur droite quelques instants avant l’impact. L’instructeur a réagi en mettant l’aéronef en piqué. Le pilote du Bell 212 n’a pas vu le Cessna 172.

    Figure 2. Dommages à l’extrémité de l’aile droite du Cessna 172 (Source : BST)
    Image
    Figure 3. Dommages à la zone du sabot de queue du Bell 212 (Source : BST)
    Image

    Le pilote du Bell 212 a ressenti l’impact et le mouvement de lacet qui en a résulté. Il ne savait pas qu’il était entré en collision avec un autre aéronef, mais il a senti qu’il y avait un problème mécanique avec l’hélicoptère et a immédiatement entamé un atterrissage de précaution, lancé un appel Mayday sur la fréquence 126,7 MHz et atterri dans un champ environ 1 minute après la collision.

    L’instructeur de vol a manœuvré l’aéronef de manière à regarder le Bell 212 atterrir et a diffusé un message sur la fréquence 126,7 MHz pour informer le pilote de l’hélicoptère qu’ils étaient entrés en collision. Le pilote du Bell 212 a répondu, une fois au sol, qu’il allait bien. Le Cessna 172 a poursuivi son vol vers CZVL et s’est posé à 10 h 44. L’instructeur de vol n’a pas signalé de difficultés concernant la maîtrise de l’aéronef.

    Aucun des occupants des 2 aéronefs n’a été blessé, et aucune des 2 radiobalises de repérage d’urgence ne s’est déclenchée à la suite de la collision. Les 2 aéronefs ont nécessité d’importantes réparations en raison des dommages subis lors de la collision.

    Illustration des zones d’entraînement sur les cartes

    Divers symboles sont utilisés sur les cartes afin de représenter les zones d’intérêt pour les pilotes. La zone d’entraînement située près du lac Sandy était représentée au verso de la carte de région terminale VFR (VTA) d’Edmonton (figure 4). Le verso de la VTA fournit des renseignements supplémentaires aux pilotes lorsqu’ils volent dans la région d’Edmonton.

    Figure 4. Verso de la carte de région terminale pour les règles de vol à vue d’Edmonton montrant le symbole de la zone d’entraînement près du lieu de la collision en vol (Source : NAV CANADA, avec annotations du BST)
    Image

    La zone d’entraînement située près du lac Sandy n’était pas représentée sur le recto de la VTA (le côté présentant une carte), ni sur la carte de navigation VFR d’Edmonton, ni sur la carte de procédures terminales VFR du Supplément de vol – Canada d’Edmonton.

    Le processus d’ajout de symboles de NAV CANADA dépend en grande partie des demandes des clients, qu’il s’agisse des demandes d’utilisateurs externes ou de celles du personnel à l’interne. Dans le cas du symbole de la zone d’entraînement du lac Sandy, c’est le personnel d’exploitation de NAV CANADA qui en avait fait la demande, et le symbole avait été ajouté à la VTA d’Edmonton, mais au verso seulement.

    Le Règlement de l’aviation canadienIbid., article 803.01. exige que les services d’information aéronautique soient fournis conformément aux normes de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) énoncées aux annexes 4Organisation de l’aviation civile internationale, Annexe 4 à la Convention relative à l’aviation civile internationale — Cartes aéronautiques, onzième édition (juillet 2009). et 15Organisation de l’aviation civile internationale, Annexe 15 à la Convention relative à l’aviation civile internationale, Services d’information aéronautique, seizième édition (juillet 2018). de la Convention relative à l’aviation civile internationale. Ces normes exigent que des processus soient mis en place pour garantir la cohérence des formats lorsque les données et les renseignements aéronautiques sont présentés dans des formats multiplesIbid, paragraphe 5.1.2.. Toutefois, il n’existe pas de normes propres à l’utilisation d’une symbologie cohérente pour l’espace aérien à usage spécial dans des formats multiples.

    Systèmes de surveillance du trafic aérien

    Une forme plus récente de système de surveillance du trafic est la surveillance dépendante automatique en mode diffusion (ADS-B)Une technologie de surveillance avancée dans laquelle les aéronefs équipés de l’ADS-B émission partagent leur position, leur altitude, leur vitesse et d’autres renseignements avec l’ATC et d’autres aéronefs dotés d’équipement approprié. La technologie ADS-B réception consiste à recevoir, à traiter et à afficher les transmissions ADS-B d’autres aéronefs.L’ADS-B réception est nécessaire pour utiliser les applications aéroportées.. Le Bell 212 dans cette collision en vol était équipé de l’ADS-B réception et de l’ADS-B émission, y compris des affichages dans le poste de pilotage qui indiquent les autres aéronefs équipés de l’ADS-B. Le Cessna 172 n’était pas muni de l’ADS-B et la réglementation ne l’exigeait pas.

    NAV CANADA a commencé à exiger que les aéronefs soient équipés de la technologie ADS-B émission, qui constitue un outil supplémentaire pour sa prestation de services de surveillance du trafic aérien. L’exigence relative aux transpondeurs compatibles avec l’ADS-B au Canada est entrée en vigueur le 10 août 2023 dans l’espace aérien de classe A et le 16 mai 2024 dans l’espace aérien de classe B. Selon les renseignements fournis par NAV CANADA, les aéronefs exploités dans les autres types d’espace aérien (C, D et E) devront être équipés de transpondeurs compatibles avec l’ADS-B au plus tôt en 2028, en attendant une consultation de l’industrie.

    Transports Canada envisage de mettre sur pied un groupe de travail sur la perceptibilité électronique chargé d’évaluer diverses technologies (dont l’ADS-B) en vue de réduire le risque de collisions en vol dans l’aviation générale. Le groupe de travail devrait commencer ses travaux en 2025.

    Mesures de sécurité prises

    Après l’accident, le Namao Flying Club a suspendu ses activités d’entraînement en vol pendant environ 2 semaines pour évaluer les options d’atténuation des risques. Après la période d’évaluation de 2 semaines, il a été décidé d’effectuer, dans la mesure du possible, les entraînements en vol dans l’espace aérien de classe C, pour assurer un moyen de défense grâce à l’ATC qui assure la surveillance du trafic d’après l’information radar.