Place du Centre
200, promenade du Portage, 4e étage
Gatineau QC K1A 1K8
Lettre adressée à
Transports Canada, 1000 Islands and Seaway Cruises, Gananoque Boat Line, Kingston 1000 Islands Cruises et Rockport Cruises
Objet :
Avis de sécurité maritime no 02/18 – Lacunes de sécurité à bord des navires à
passagers naviguant dans le secteur des Mille-Îles
Le 8 août 2017, vers 12 h 50, heure avancée de l’Est, le navire à passagers Island Queen III effectuait une croisière dans le secteur des Mille-Îles du fleuve Saint-Laurent, avec 274 passagers à bord lorsqu’il a heurté le fond au large de Kingston (Ontario). L’appareil à gouverner du navire a été endommagé, et le compartiment de ce dernier a été enhavi par les eaux. Il n’y a eu ni blessure ni pollution. Le navire a pu regagner le quai environ 40 minutes plus tard. L’enquête du Bureau de la sécurité des transports du Canada sur cet événement est en cours (événement M17C0179 du BST).
À ce jour, l’enquête a permis de cerner des lacunes de sécurité relatives à la préparation aux situations d’urgence, à la gestion des passagers, aux engins de sauvetage et aux procédures d’évacuation. Le BST avait des raisons de croire que ces lacunes de sécurité pouvaient également être présentes à bord d’autres navires semblables dans la région des Mille-Îles. C’est pourquoi les 8 et 9 octobre 2017, des enquêteurs du BST sont montés à bord de quatre autres navires exploités par quatre entreprises différentes dans la même région géographique. Ils ont relevé les lacunes de sécurité suivantes à bord de plus d’un navire :
Gestion des passagers et des situations d’urgence
- Exposés sur les mesures de sécurité avant le départ qui étaient inaudibles ou inadéquats pour expliquer aux passagers la marche à suivre en cas d’urgence, les familiariser avec l’alarme générale et ce qu’ils doivent faire si elle retentit, les informer de l’emplacement des casiers de rangement de gilets de sauvetage les plus proches, et leur indiquer l’emplacement des postes de rassemblement.
- Exposés sur les mesures de sécurité avant le départ qui ne comprenaient aucune démonstration de la façon d’enfiler un gilet de sauvetage.
- Manque d’application du règlement concernant le nombre de passagers par pont. Le nombre de passagers sur le pont supérieur dépassant souvent la limite affichée – le navire gîtait durant les déplacements de passagers.
- Difficultés de communication des instructions à de grands groupes de passagers qui parlent une langue étrangère.
- Membres d’équipage non vêtus de manière à être facilement identifiables par les passagers.
Engins de sauvetage
- Nombre insuffisant de gilets de sauvetage, qui étaient difficiles à trouver et en désordre (c.‑à‑d. les gilets pour enfants et pour adultes étaient rangés pêle-mêle).
- Gilets de sauvetage désuets (vieux de 30 à 40 ans) et usés. Certains sans marque officielle d’homologation.
- Accès à certains casiers à gilets de sauvetage bloqué par l’ameublement, l’équipement d’un orchestre ou des aliments et boissons, ce qui laissait peu de place pour accéder aux gilets de sauvetage et les enfiler.
- Affiches d’emplacement des gilets de sauvetage usées ou masquées, qui n’indiquaient pas le nombre disponible de gilets, pour enfants ou adultes, à chacun des emplacements.
- Membres d’équipage qui ne se sont pas conformés aux demandes de passagers de porter un gilet de sauvetage, par mesure de précaution.
- Plans d’engins de sauvetage difficiles à comprendre et incohérents (c.-à-d. comprenant différents types de symboles, ou ne montrant pas l’emplacement réel des engins).
- Emplacements, postes de mise à l’eau et dispositifs de montée à bord des radeaux de sauvetage hasardeux, surtout pour les passagers âgés ou handicapés et les enfants.
Postes de rassemblement et coursives
- Zones de poste de rassemblement trop petites pour le nombre de passagers à bord.
- Affiches de postes de rassemblement et d’issues de secours usées ou masquées.
- Escaliers, postes de rassemblement et aires d’embarquement obstrués par des bacs et autres objets posant des risques de trébuchement et pouvant nuire aux déplacements des passagers en cas d’urgence.
- Objets lourds et de grandes dimensions, comme de l’ameublement, des haches d’incendie et des bacs, non arrimés de façon sécuritaire pour empêcher leur mouvement durant une urgence.
Autres observations
- Matériel de lutte contre l’incendie dont les étiquettes d’inspection étaient incomplètes ou manquantes et qui était, avec les affiches connexes, masqué par l’ameublement et en mauvais état.
- Portes de sortie sur les ponts inférieurs verrouillées d’un côté. Grandes portes coulissantes lourdes non bloquées par des mécanismes appropriés pour les empêcher de se fermer soudainement et de bloquer une issue en cas de gîte du navire.
- Personnel de navigation effectuant plusieurs tâches tout en naviguant. Dans un cas, une situation très rapprochée s’est produite lorsque le membre d’équipage qui naviguait était occupé à donner de l’information d’excursion.
Les renseignements qui précèdent vous sont transmis avant le début de la saison des croisières 2018 pour vous permettre de prendre les mesures qui s’imposent dans les circonstances. Le BST aimerait être tenu informé de toute mesure mise en œuvre à cet égard. Par ailleurs, un enquêteur pourrait ultérieurement faire un suivi auprès de vous.
Nous avons également envoyé une lettre semblable à chacune des quatre entreprises où certaines des lacunes de sécurité mentionnées ci-dessus ont été observées.
Je vous prie d’accepter l’expression de mes sentiments les meilleurs.
Original signé par
Marc-André Poisson
Directeur, Enquêtes (Marine)
c.c.
- Transports Canada, bureau de Kingston
- Passenger & Commercial Vessel Association
Renseignements de base
No d'événements
- M17C0179