Collision à un passage à niveau
Train de voyageurs no 51 de VIA Rail Canada Inc
Autobus à 2 étages no 8017 d’OC Transpo
Point milliaire 3,30, subdivision de Smiths Falls
Ottawa (Ontario)
L'événement
À 8 h 32 HNE le 18 septembre 2013, le train de voyageurs nº 51 de VIA Rail quitte la gare d'Ottawa et se dirige vers l'ouest à destination de Toronto. À 8 h 47, l'autobus à étage nº 8017 (l'autobus) d'OC Transpo quitte la station de Fallowfield d'OC Transpo et emprunte la voie réservée aux autobus (voie réservée) d'OC Transpo. À 8 h 48, au moment où il roule à environ 47 mi/h, le train entre dans la zone du passage à niveau de la voie réservée, située au point milliaire 3,30 de la subdivision de Smiths Falls de VIA Rail (le passage à niveau). Il est alors heurté par l'autobus roulant vers le nord. Sous le choc, la partie avant de l'autobus se détache du véhicule. Le train, composé de 1 locomotive et de 4 voitures, déraille, mais demeure en position verticale. Aucun membre de l'équipe du train et aucun passager de VIA n'est blessé. Parmi les occupants de l'autobus, 6 sont tués, 8 grièvement blessés et environ 25 subissent des blessures mineures.
L'enquête
Enregistreurs d'événements
Le jour de l'accident, les enquêteurs ont obtenu les téléchargements de la guérite de signalisation du passage à niveau et du consignateur d'événements de la locomotive (CEL) pour évaluer le fonctionnement de la protection du passage à niveau et la conduite du train. Les pneus et les freins de l'autobus ont été soumis à un examen visuel sur place et les constatations ont été immédiatement consignées. L'autobus ne possédait aucun enregistreur d'événements (c.-à-d. une boîte noire) pour stocker des données sur la performance et la conduite du véhicule. Cependant, il y avait à bord un certain nombre d'unités électroniques contenant une mémoire non volatile (MNV). Ces unités ou modules sont les suivants : module de commande du système de freinage antiblocage et d'antipatinage (ABS/ASR), contrôleur central, module de commande de la boîte de vitesses (TCM), mémoire du système de chauffage-ventilation et de climatisation, unités Presto de perception automatique des titres de transport, système du réseau véhiculaire intelligent (IVN), données du système de localisation GPS provenant de la Ville d'Ottawa et module de commande du moteur (ECM). On a débranché la batterie de l'autobus et scellé le compartiment moteur pour préserver les données enregistrées. Ensuite, on a transporté l'autobus vers un endroit sécuritaire pour en poursuivre l'examen.
Reconstitution
Le 28 septembre 2013, le BST a procédé à une reconstitution de l'accident sur la voie réservée. La reconstitution a été captée sur des photos et des vidéos prises à partir du poste du conducteur de l'autobus. Elle s'est tenue à peu près à la même heure que l'accident et dans des conditions environnementales similaires. Quelques jours après, on a effectué d'autres essais au passage à niveau pour enregistrer le temps que divers types d'autobus ont mis à le franchir après s'être arrêtés à son approche nord.
Séquence des événements
Une séquence détaillée des événements a été obtenue de diverses sources, dont le train, les signaux du passage à niveau, l'autobus et les caméras vidéo à la station Fallowfield d'OC Transpo. Certaines heures d'événements qui se sont produits à bord de l'autobus sont des heures estimées, fondées sur divers comptes rendus des témoins de l'indicent.
Toutes les données disponibles provenant des unités électroniques récupérées de l'autobus et contenant une MNV ont été téléchargées et examinées au Laboratoire d'ingénierie du BST. Seul le module de commande du moteur (ECM) contenait des données pertinentes à la conduite de l'autobus juste avant l'accident. Toutefois, ces données n'étaient pas suffisamment détaillées pour permettre une analyse valable et il a fallu procéder à d'autres travaux pour calculer la vitesse au moment de la collision, l'effort de freinage et les distances d'arrêt associées.
Système de freinage de l'autobus
Nous avons démonté et examiné le système de freinage de l'autobus. On a effectué une analyse du freinage pour déterminer le minutage de l'événement, la vitesse lors de la collision, la distance de freinage et l'effort de freinage appliqué à un autobus chargé au cours du scénario d'accident. L'analyse incorporait des mesures et des observations prises ou faites sur le site ainsi que des calculs d'ingénierie détaillés basés sur les données de l'ECM, le temps de réaction du système de freinage et les graphiques de performance des freins des essais de certification de l'autobus et des essais du constructeur.
Études de circulation et tests de vitesse
Des études de circulation ont été menées sur l'avenue Woodroffe, la voie réservée et le chemin Fallowfield. Le BST a réalisé des tests de vitesse dans le voisinage du passage à niveau pour les véhicules utilisant la voie réservée.
Étude ergonomique
Le personnel de la performance humaine du BST a fait une étude ergonomique du poste du conducteur pour chacun des types d'autobus utilisés par OC Transpo.
Partage de l'information
Dans le cadre de la collecte des données et du partage de l'information, les activités qui suivent sont en cours :
- En conformité avec un protocole d'entente existant, le BST et le coroner partagent de l'information pour soutenir leurs enquêtes respectives en cours.
- Diverses entrevues ont été menées auprès de survivants, de témoins, du personnel d'OC Transpo et d'employés de la Ville d'Ottawa. Le BST mène encore des entrevues lorsqu'il y a lieu.
- Les spécialistes du BST ont gardé le contact avec les proches des victimes et les ont tenus à jour sur les progrès de l'enquête.
Données factuelles
Voici un résumé des faits établis par l'enquête à ce jour :
Renseignements recueillis peu après l'accident :
- La cloche avait été actionnée, mais non le klaxon du train en raison d'une interdiction imposée par la municipalité.
- L'équipe a serré les freins d'urgence 2 secondes avant l'accident.
- le train roulait à 47 mi/h au moment où il a été percuté par l'autobus;
- Au moment de l'accident, la protection par les dispositifs de signalisation automatique (DSA) au passage à niveau fonctionnait comme prévu, sans problèmes. Les barrières étaient abaissées depuis 26 secondes avant l'accident.
- Le BST n'a relevé aucun problème avec la conduite du train, le fonctionnement des signaux du passage à niveau et l'état de la voie.
Depuis lors :
Conducteur d'autobus
- L'enquête du coroner a déterminé qu'aucun problème médical n'était en cause dans le décès du conducteur et les tests de toxicologie n'ont décelé aucune trace de drogues ou d'alcool.
Maintenance
- On avait procédé à une série d'essais de certification obligatoires pour vérifier la conformité avec les Normes de sécurité des véhicules automobiles du Canada (NSVAC). Le véhicule respectait ou dépassait tous les critères NSVAC pour son utilisation au Canada.
- Une fois l'autobus livré, le ministère des Transports de l'Ontario a procédé à son inspection; aucune anomalie n'a été notée.
- L'autobus était entretenu en conformité avec le programme de maintenance approuvé de l'exploitant.
Système de freinage
- Aucun défaut de frein n'a été signalé sur l'autobus de l'événement.
- On n'a relevé aucune anomalie mécanique qui aurait empêché le bon fonctionnement du système de freins à air de l'autobus.
- Le premier serrage des freins de l'autobus a eu lieu quand ce dernier roulait à 67,6 km/h (42 mi/h), excédant la vitesse limite affichée de 60 km/h (37,3 mi/h).
- Au début, les freins n'ont pas été serrés à fond.
- Au début du freinage, l'autobus se trouvait à 116,8 pieds (35,6 m) du point de la collision.
- La vitesse de l'autobus se situait entre 6,4 et 7,7 km/h (4 et 4,8 mi/h) au moment de la collision.
- Selon les calculs du BST, si l'autobus avait roulé à la vitesse limite affichée (60 km/h), tous les autres facteurs demeurant par ailleurs identiques, la distance d'arrêt pour l'autobus aurait été de 29,5 m (96,8 pieds), soit 6,1 m (20 pieds) avant le point de collision.
Étude ergonomique
- À l'intérieur du poste de travail du conducteur, un petit écran de 6 pouces (15 cm) de large sur 3 3/4 pouces (10 cm) de haut est situé sur le côté gauche d'un panneau avant au-dessus du siège du conducteur, ce qui crée pour celui-ci un angle de visionnement important vers le haut.
- Les conducteurs d'OC Transpo ont la consigne de ne pas regarder l'écran pendant qu'ils conduisent.
- Aux arrêts en station, les conducteurs d'OC Transpo sont tenus de regarder l'écran avant le départ pour s'assurer que les passagers à l'étage sont assis. S'ils remarquent que des passagers sont debout à l'étage, les conducteurs doivent annoncer que cela est interdit.
- Pour trouver un siège vacant après être montés à bord d'un autobus à étage, les passagers doivent parfois se déplacer ou rester debout à l'étage après le départ de l'autobus. Dans ces conditions, pour surveiller l'étage supérieur, un conducteur aura besoin de regarder périodiquement l'écran pendant que son véhicule est en mouvement. Cette situation peut amener un conducteur à détourner son attention de la conduite.
Prochaines étapes
Alors que l'enquête se poursuit, le BST :
- entreprendra une évaluation supplémentaire du tracé des passages à niveau et de la chaussée, y compris un examen des études précédentes sur les passages dénivelés;
- examinera les études sur l'arrêt des autobus aux passages à niveau;
- continuera d'analyser ce qui peut avoir influencé le comportement du conducteur et le traitement de l'information;
- recueillera et analysera l'information sur les activités de transport en commun d'OC Transpo et la formation de ses conducteurs d'autobus;
- procédera à une évaluation de la résistance aux chocs de l'autobus.
Ressources pour les médias
Communiqués
Compte rendu des progrès de l’enquête sur l’accident fatal de 2013 Collision OC Transpo – VIA Rail sur le Transitway à Ottawa
Lire le communiqué
Le BST envoie des avis de sécurité à la Ville d'Ottawa dans le cadre de son enquête sur la collision mortelle entre un autobus et un train survenue en septembre 2013
Lire le communiqué
Mise à jour sur l'enquête relative à la collision OC Transpo - VIA Rail à Ottawa
Lire le communiqué
Le BST ouvre une enquête sur une collision mettant en cause un autobus et un train à Ottawa (Ontario)
Lire le communiqué
Avis aux médias
Point de presse : Le BST fournira des renseignements concernant l'enquête sur la collision survenue le 18 septembre 2013 entre un train de VIA Rail et un autobus d'OC Transpo à Ottawa (Ontario)
Lire l'avis aux médias
Point de presse : Le BST fournira des renseignements concernant l'enquête sur la collision entre un train de VIA Rail et un autobus d'OC Transpo à Ottawa (Ontario)
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Avis de déploiement
Le Bureau de la sécurité des transports du Canada dépêche une équipe d'enquêteurs sur les lieux d'une collision entre un train de VIA Rail et un autobus d'OC Transpo à Ottawa (Ontario)
Gatineau (Québec), le 18 septembre 2013 — Le Bureau de la sécurité des transports du Canada (BST) dépêche une équipe d’enquêteurs sur les lieux d’une collision entre un train de VIA Rail et un autobus d’OC Transpo à Ottawa (Ontario). Le BST recueillera des informations et évaluera l’événement.
Avis de sécurté ferroviaire
Analyse du freinage et vitesse des autobus à l’approche des passages à niveau (617-12/14)
Lire l'avis de sécurté ferroviaire
Système de vidéosurveillance sur les autobus à étage d’OC Transpo (617-10/14)
Lire l'avis de sécurté ferroviaire
Signalement d'une défectuosité des dispositifs de signalisation automatique (DSA) du passage à niveau de la voie réservée (617-02/14)
Lire l'avis de sécurté ferroviaire
Autobus d'OC Transpo franchissant un passage à niveau pendant que les dispositifs de signalisation automatiques (DSA) sont activés (617-01/14)
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Informations d'enquête
R13T0192
Collision à un passage à niveau
Train de voyageurs no 51 de VIA Rail Canada Inc
Autobus à 2 étages no 8017 d’OC Transpo
Point milliaire 3,30, subdivision de Smiths Falls
Ottawa (Ontario)
Enquêteur désigné
Rob Johnston has been with the Transportation Safety Board of Canada (TSB) since 2001. He was hired as a Senior Regional Investigator (Rail/Pipeline) in Winnipeg where he worked until 2004, when he assumed the position of Senior Investigator, Standards and Training Officer at TSB Head Office in Gatineau, Quebec. He became Manager of Central Regional Operations in November 2009, and has also served as Acting Director of Investigations – Rail/Pipeline for various periods since 2010. He now manages a staff of six rail/pipeline investigators in Winnipeg, Toronto, and Ottawa, and is responsible for all activities related to rail investigations in TSB’s Central Region, which extends from Cornwall, Ontario, to near the Alberta–Saskatchewan border.
During his time at the TSB, Mr. Johnston has been involved in over 70 TSB accident investigations either as an Investigator-in-charge (IIC) or as an investigation team member providing technical expertise.
Before joining the TSB, Mr. Johnston worked for Canadian Pacific Railway (CP) in Winnipeg from 1984 until 2001, where he was a member of the Train Accident Prevention group and worked in a failure analysis laboratory. He was a member of CP’s hazardous materials emergency response team for 14 years and has acquired an extensive background in mechanical operations, failure analysis, and dangerous goods.
Voir des images en haute résolution sur la page Flickr du BST.
Catégorie de l’enquête
Cette enquête est une enquête de catégorie 2. Ces enquêtes sont complexes et portent sur plusieurs problèmes de sécurité exigeant une analyse approfondie. Les enquêtes de catégorie 2, qui donnent souvent lieu à des recommandations, se concluent généralement en 600 jours. Pour de plus amples renseignements, consultez la Politique de classification des événements.Processus d'enquête du BST
Une enquête du BST se déroule en 3 étapes :
- L'étape du travail sur le terrain : une équipe d'enquêteurs examine le lieu de l'événement et l'épave, interviewe les témoins et recueille toute l'information pertinente.
- L'étape d'examen et d'analyse : le BST examine toute la documentation liée au dossier, effectue des tests en laboratoire sur des composantes de l'épave, établit la chronologie des événements et identifie toute lacune en matière de sécurité. Lorsque le BST soupçonne ou constate des lacunes en matière de sécurité, il en informe sans tarder les organismes concernés sans attendre la parution du rapport final.
- L'étape de production du rapport : une version confidentielle du rapport est approuvée par le Bureau et envoyée aux personnes et organismes qui sont directement touchés par le rapport. Ceux-ci ont l'occasion de contester ou de corriger l'information qu'ils jugent erronée. Le Bureau tient compte de toutes les observations fournies avant d'approuver la version définitive du rapport, qui est ensuite publiée.
Vous trouverez de plus amples détails à la page sur le Déroulement des enquêtes.
Le BST est un organisme indépendant qui mène des enquêtes sur des événements de transport aérien, ferroviaire, maritime et pipelinier. Son seul but est de promouvoir la sécurité des transports. Le Bureau n'est pas habilité à attribuer ni à déterminer les responsabilités civiles ou pénales.